Le terme
d’ « explication linéaire » ne signifie pas qu’il soit
nécessaire d’expliquer le texte ligne à ligne, bien au contraire. Plus on
découpe le texte, plus on l’éclaire du mauvais côté, en le présentant comme ce
qu’il n’est pas: un ensemble qu’il serait possible de diviser en parties.
Il est plutôt un mouvement qui se déploie. Rien d‘autre à faire que de suivre
ce mouvement en étant attaché à rendre toutes ses nuances, tous ses détails.
Il convient de prendre le terme
d’ « explication » au pied de la lettre : comment nous y
prendrions-nous pour rendre clair à une autre personne la totalité de ce
passage ? L’auteur a utilisé ses mots pour nous convaincre du bien-fondé
de sa thèse. Nous avons compris là où il voulait en venir, nous voyons clair
dans son « jeu » et nous allons essayer de rendre ce mouvement plus
familier à un éventuel lecteur. Rien ne saurait davantage convaincre notre
correcteur de notre compréhension du texte que notre aptitude à le
« recouvrir » d’autres mots, à connecter notre utilisation de la
langue à la sienne sans la recopier et sans nous éloigner. Les défauts majeurs
dont il faut nous éloigner sont, en effet :
- la paraphrase : elle consiste à se tenir au
plus prés du texte sans manifester la plus petite capacité d’assimilation. On
le suit tellement « pas à pas » qu’on effectue une très mauvaise
traduction. Expliquer un texte suppose que l’on est capable de prendre un peu
de hauteur. Un déclic se produit alors : on réalise que ce que l’auteur
dit éventuellement avec la langue de son époque, avec un langage nécessairement
philosophique, peut se dire autrement. C’est cela une explication :
d’abord une entente entre deux mouvements : celui du texte et celui de
l’enveloppement de son sens par votre esprit. Il s’agit alors de porter témoignage
de cet enveloppement en prenant tout de même un risque relatif. Par risque, il
s’agit de désigner le fait que nous pensons saisir suffisamment le mouvement de
la démonstration de l’auteur (là où il veut en venir) pour nous éloigner un peu
de son vocabulaire, de son chemin afin de le restituer. C’est exactement ce que
l’on entend finalement par « enseigner ». Un professeur fait
comprendre à ses élèves le sens du texte d’un auteur en utilisant sa propre
puissance de conviction à lui, en la mettant au service d’un philosophe, quitte
à faire usage de sa propre façon de parler, de ses exemples. S’il est sûr de
comprendre ce qu’il explique, il sait bien qu’il retombera toujours sur ses
pieds, c’est-à-dire sur ce que l’auteur a exactement voulu dire. Eviter la
paraphrase, c’est prendre ce risque là, risque très relatif dans la mesure ou,
en principe, si nous avons choisi ce sujet là, c’est bien que nous pensons
avoir compris le sens du texte.
- L’éloignement du texte : s’il y a
« risque », c’est bien par rapport à un danger et ce danger réside
dans le fait de sortir complètement du texte, voire de faire un contre sens.
Pour éviter ce piège, il importe d’être vraiment certain d’avoir cerné le
mouvement du texte, c’est-à-dire d’avoir vu comment le philosophe « avance
ses pions » ainsi que là où il veut en venir. On peut prendre certains
détours d’explication du moment que l’on sait que l’on ira toujours dans cette
direction qui est celle où l’auteur veut nous conduire. Il convient ici de
marquer très clairement où nous nous situons dans nos développements : il
est possible d’utiliser d’autres philosophes, et même d’opposer à l’auteur des
arguments, d’autres écrivains. Tout est acceptable à partir du moment où notre
correcteur pourra percevoir à quel point notre critique, notre explication ou
notre volonté de prolonger le propos du texte reste cadrée dans un champ
problématique imposé par le texte. C’est sur ce point que l’image du vêtement
convient le mieux : nous avons choisi ce texte parce qu’il « nous
va », comme une veste ou une chemise : nous pouvons y faire des
mouvements suffisamment amples pour manifester la vigueur de notre corps dans
une coupe dont on sait qu’on n’en déchirera jamais la toile. Toutes les
actualisations (utiliser des exemples d’aujourd’hui pour expliquer un texte
d’hier, c’est-à-dire des siècles passés) du texte sont autorisées si nous
sommes sûrs de rester dans les limites de ce que l’auteur pose comme problème.
L’utilisation persistante du style
indirect : « l’auteur dit que », « il soutient
que… », etc. est déconseillée. Nous devons partir du principe que nous
parlons toujours déjà à partir du texte, c’est-à-dire « en » lui.
Quand nous exposons la pensée d’un autre auteur pour conforter ou objecter
quelque chose à ce qui est défendu ici, il convient, par contre, de l’énoncer
très clairement pour éviter les confusions. Choisir l’explication de texte (le
3e sujet), c’est s’engager à ne jamais s’écarter d’une ligne tracée
par l’auteur. Réfléchissons bien à cela au moment de la réception des sujets.
5)Conclusion
Pour conclure notre
explication, nous devons premièrement insister sur l’idée essentielle. Après
notre travail, peut-être nous apparaît-elle autrement, plus riche qu’au début
de l’épreuve. On peut donc essayer de rendre compte de cet excédent de
subtilité maintenant en entrant davantage dans les nuances de ce que l’auteur a
voulu poser. Deuxièmement, il convient de montrer ce que l’auteur a apporté
dans le traitement global du thème qu’il a abordé dans l’histoire de la pensée,
éventuellement dans celle des sociétés. En quoi ce texte a-t-il apporté un
éclairage nouveau sur la question qu’il a traitée ?
« Une différence
capitale apparaît aussi dans la situation où la communication a lieu. Le
message des abeilles n’appelle aucune réponse de l’entourage, sinon une
certaine conduite, qui n’est pas une réponse. Cela signifie que les abeilles ne
connaissent pas le dialogue, qui est la condition du langage humain. Nous
parlons à d’autres qui parlent, telle est la réalité humaine. Cela révèle un
nouveau contraste. Parce qu’il n’y a pas de dialogue pour les abeilles, la
communication se réfère seulement à une certaine donnée objective. Il ne peut y
avoir de communication relative à une donnée « linguistique » ; déjà parce qu’il
n’y a pas de réponse, la réponse étant une réaction linguistique à une
manifestation linguistique ; mais aussi en ce sens que le message d’une abeille
ne peut être reproduit par une autre qui n’aurait pas vu elle-même les choses
que la première annonce. On n’a pas constaté qu’une abeille aille par exemple
porter dans une autre ruche le message qu’elle a reçu dans la sienne, ce qui
serait une manière de transmission ou de relais. On voit la différence avec le
langage humain, où, dans le dialogue, la référence à l’expérience objective et
la réaction à la manifestation linguistique s’entremêlent librement et à
l’infini. L’abeille ne construit pas de message à partir d’un autre message.
Chacune de celles qui, alertées par la danse de la butineuse, sortent et vont
se nourrir à l’endroit indiqué, reproduit quand elle rentre la même
information, non d’après le message premier, mais d’après la réalité qu’elle
vient de constater. Or le caractère du langage est de procurer un substitut de
l’expérience apte à être transmis sans fin dans le temps et l’espace, ce qui
est le propre de notre symbolisme et le fondement de la tradition linguistique.
Si nous considérons maintenant le contenu du message, il sera facile d’observer
qu’il se rapporte toujours et seulement à une donnée, la nourriture, et que les
seules variantes qu’il comporte sont relatives à des données spatiales. Le
contraste est évident avec l’illimité des contenus du langage humain.
1)Quels sont les critères qui différencient le langage
humain et la communication des abeilles, selon Benveniste ? Développez
chacun d’eux et montrez que chaque critère découle du précédent.
2)La communication des abeilles est plus
« pauvre » que le langage humain mais elle est aussi plus efficace en
un sens. Pourquoi ?
3)Quelle est la différence entre signifier et
signaler ? Pourquoi ce texte nous permet-il de mieux la comprendre ?
4)Les mots, selon vous, nous permettent-ils de saisir
la réalité ou nous empêchent-ils de la vivre ? (Faites référence au texte
et prenez éventuellement d’autres exemples)
5)Pourquoi la communication des abeilles, selon Benveniste,
confirme-t-elle la thèse d’Aristote selon laquelle les hommes sont les seuls à
organiser leur vie communautaire en cité (Polis) ?
« Watchmen : les gardiens » est
un film de Zach Snyder dont l’action se déroule dans ce que l’on appelle
« une réalité alternative ». L’ « Uchronie » désigne
un genre de récit qui décrit un autre enchaînement historique que celui qui
s’est effectivement déroulé dans « notre monde ». Imaginez, par
exemple, que les Etats-Unis n’aient pas été attaqué par les japonais à Pearl
Harbour, qu’ils ne soient pas entrés en guerre contre l’Allemagne, et que le
troisième Reich n’ait pas été vaincu par les Alliés. Où en serions-nous ?
La présentation du film n’insiste pas assez sur
le fait qu’il se situe dans ce genre là et cela explique peut-être son succès
mitigé. Nous retrouvons des noms connus mais nous avons du mal à nous repérer
par rapport à l’action parce que nos repères historiques sont
« chahutés ». Dans le film, les Etats-Unis ont gagné la guerre du Viêt-Nam
grâce à ces super-héros qui sont les personnages principaux de l’action. Le
Président Nixon a été réélu pour son cinquième mandat (ce qui signifie que dans
ce monde parallèle, le scandale de Watergate n’a jamais existé) et les rapports
entre les Etats-Unis et l’URSS sont si tendus que la guerre semble imminente.
Watchmen nous situe donc à la fois dans une période historique qui a bel et
bien existé : « La guerre froide » mais les personnages
historiques et le fil des évènements n’ont rien à voir avec la réalité.
C’est sous cet angle uchronique que le film est
le plus intéressant car nous sommes tellement habitués à voir des super-héros
sauver « notre » monde que l’idée de situer d’emblée l’action dans un
autre monde dans lequel l’intervention des super-héros est beaucoup moins
spectacularisée, dramatisée, que le notre, est pour le moins féconde. Sans trop
révéler l’issue du film, on peut, en effet, dire que le devoir de sauver le
monde y est présenté d’une façon qui est beaucoup plus historique que dans
« Superman ». Un super-héros est un être surhumain dont le destin est
d’utiliser ses super pouvoirs pour l’humanité, mais après tout, les moyens
utilisés pour exercer cette influence favorable sont laissés à la discrétion du
super héros qui par définition « peut tout » ou « presque
tout ». Déjà dans « The Dark Knight » de Christopher Nolan, Batman
accepte d’endosser aux yeux de Gotham City, le costume du
« méchant ». S’il faut incarner le mal pour que la population vive
encore dans l’horizon (illusoire) du bien, qu’il en soit ainsi ! Il
importe peu que l’humanité se trompe totalement sur la nature bonne ou mauvaise
d’un super-héros pourvu qu’elle le fasse « comme un seul homme ».
Batman est finalement au-dessus du bien et du
mal et sa mission est de maintenir l’esprit de communauté même et surtout si
c’est lui qui en « essuie les plâtres ». Un super-héros « peut
ça » : c’est sa capacité à endurer, à encaisser le choc d’une haine
consensuelle qui fait authentiquement la supériorité de sa nature plus que son
aptitude à créer les conditions d’un renouveau ou d’un nouvel âge. Batman dans
« The Dark Knight », le docteur Manhattan dans Watchmen illustrent
cet héroïsme particulier, incroyablement plus intéressant que celui du bon qui
fait le bien. Le « sublime », c’est d’être « bon » à ce
point qu’on peut supporter de concentrer sur soi les flux épars de toutes les
haines individuelles pour en extraire le « nectar purifié » d’une
haine collective qui fait « sens » par l’efficience de sa
collégialité.
Nous retrouvons finalement la thématique du bouc émissaire à ceci
prés que ce n’est plus tout-à-fait en tant que victime que l’élu crée la
cohésion d’une population, voire d’une civilisation (le Christ), mais en tant
« qu’agresseur surpuissant ». Le surplomb du Christ torturé sur sa
croix symbolise « la longueur d’avance » du
pardon : « ils ne savent pas ce qu’ils font ». Celui de
Batman sur la corniche de son gratte-ciel est peut-être plus immédiatement
« opératoire » : « ils ne savent pas ce qu’ils font
(puisque ils prennent un bien pour un mal) mais au moins qu’ils le fassent
ensemble. Qu’ils me haïssent « en chœur » ! »
Le super héros est donc désespéré (et c’est
d’ailleurs le grand apport de la trilogie de Christopher Nolan de nous décrire
un super héros « super triste » dont les plus grandes victoires sont
toujours et conséquemment des défaites) parce que ses actes ne prennent sens qu’à
se situer à partir d’une hauteur de vue qui présuppose l’annulation d’un bien
et d’un mal « transcendants ». Il
n’y a ni bien ni mal mais il y a de l’amour et de la haine et il n’existe pas
de possibilité de faire communauté sans concentrer par la haine ou par l’amour
une communauté d’affect. Or, la haine est plus facile à susciter que
l’amour, tout simplement parce que détruire est plus facile que construire (c’est
d’ailleurs ce que les industriels du jouet ont bien compris : lorsque nous
entrons dans une boutique de jouets, nous pouvons constater que les jeux de
destruction sont souvent plus nombreux que les jeux de construction (qui
réclame un minimum de patience et d’habileté)).
S’il y a bien quelqu’un qui sait que les hommes
ne sont ni bons ni mauvais mais l’un et l’autre suivant les circonstances et
les affects, c’est bien Batman qui joue de façon très réaliste de cette
ambiguité, mais qui joue sans jamais miser sur telle ou telle
« valeur ». Il a dépassé la question de savoir ce que les humains
« sont » pour se situer exclusivement dans celle de ce que les
humains « peuvent ». Le climat très sombre de « Watchmen :
les gardiens » le situe exactement dans cette même perspective, et c’est
exactement la raison pour laquelle, aussi étrange et décalée que puisse nous
apparaître l’action décrite, aussi uchronique que soit la dimension dans
laquelle les évènements se produisent, quelque chose de cette histoire est
finalement très crédible. Travailler à rendre le monde meilleur est un idéal de
« bisounours », surfer sur les affects des hommes de façon à les
rallier contre un ennemi commun est un travail dur mais réalisable.
Mais alors où situer
« l’extraordinaire » dans ce cahier des charges très ordinaire du
super-héros « moyen » ? Comment décrire et rendre crédible la
notion de coup de théâtre si nous sommes partis de présupposés aussi réalistes,
pragmatiques ? Le tournant de « Watchmen : les gardiens »
se situe, à mon sens, dans le ralliement du docteur Manhattan à la cause que
vient plaider auprès de lui son ancienne maîtresse Laurie, le spectre joyeux,
une super-héroïne.
Le docteur Manhattan est un scientifique qui a
été malgré lui exposé à une dose mortelle de radioactivité. Désintégré, il est
réapparu sous une forme qu’on pourrait qualifier, au sens propre de
« spectrale ». Il est devenu une sorte d’avatar bleu, doté de toutes
les capacités imaginables. Victime d’une machination qui l’a exposé à un
acharnement médiatique, il décide de s’isoler sur la planète Mars. Ce n’est pas
que les hommes lui apparaissent dés lors comme ses ennemis, c’est plutôt que sa
« supernature » lui permet de s’interroger en toute
« objectivité » sur l’évolution de l’espèce humaine et il ne
distingue pas de motivation pertinente, de justification à son sauvetage. Si
les affects humains les conduisent à la troisième guerre mondiale, pourquoi
faudrait-il faire dévier ce cours là ?
Laurie essaie de le faire changer d’opinion
mais, prise dans cette argumentation, et mise au défi de prouver qu’elle croit
vraiment au sens de l’humanité, elle demande au Docteur Manhattan de lui
révéler la totalité de son existence, de la « radiographier » en
révélant tout des conditions de sa venue au monde. Or elle réalise que celui
qu’elle a toujours pris pour son père n’était pas son père génétique mais
qu’elle est née de la liaison adultère de sa mère avec « le
comédien », un autre super héros, violent, cynique qui avait déjà
auparavant essayé de violer sa mère. A partir de cette révélation, les rôles
s’inversent : « My life is a kind of joke », dit-elle. Elle
est née, par hasard, de l’attirance passagère, trouble et sulfureuse que sa
mère a éprouvée pour un homme qui avait tenté de la forcer. Que sa vie ait un
sens, qu’elle soit « justifiée », qu’elle ait « le droit
d’exister » c’est maintenant ce dont elle doute. Mais le Docteur
Manhattan, lui aussi a changé d’avis et sa parole revêt un sens philosophique
profond.
On pourrait utiliser une image pour illustrer
ce sens. Nous avons pris l’habitude de qualifier de « mauvaises
herbes » les plantes qui parviennent à pousser entre les pavés ou les
grains de gravier, parce que cela nous « gêne » d’une part, mais
aussi parce qu’elles poussent dans des conditions qui ne semblent pas adéquates
à favoriser leur croissance. Si nous y réfléchissons un peu, nous réalisons que
ce que nous qualifions de « mauvais » manifeste au contraire une
intelligence, une opportunité, une opiniâtreté de la nature tout à fait
remarquable. Que le désir de pousser d’un certain type d’herbe soit
suffisamment puissant pour se réaliser même « là », c’est justement
ce qui prouve que le propre de l’existence réside dans l’art de se générer
toujours de soi-même dans l’efficience la plus pure du chaos, de l’absurde. Naître, c’est toujours faire advenir du
sens dans du non-sens, et c’est cela, exister : « cent fois sur le
métier de l’absurde remettre l’ouvrage d’une dynamique de croissance qui en
elle-même, par elle-même, « fait » sens. C’est un miracle mais un
miracle qui n’a rien de surnaturel, bien au contraire. Il n’est que
profondément naturel, viscéralement, irréductiblement. Le vrai miracle, c’est
le quotidien, c’est « l’infraordinaire ».
C’est exactement la même chose pour Laurie, et
nous pourrions en un sens dire cela de toute naissance (même si certaines sont
plus humainement souhaitées que d’autres). Que des êtres puissent voir le jour
de circonstances aussi absurdes, contingentes, dérisoires, c’est exactement la
preuve irrévocable du sens de la vie, donc aussi de la vie humaine. Les hommes
sont peut-être les mauvaises herbes de la terre, mais il faut beaucoup de
persévérance, de « génie laborieux » (cet oxymore a du sens), de
« mordant » et finalement de justesse pour qu’une mauvaise herbe
puisse pousser. C’est là la signification la plus profonde du smiley qui revient à plusieurs
reprises comme un leitmotiv dans l’action de ce film. Le miracle qui transforme
du non-sens en sens, c’est cela la tâche surhumaine des hommes, et elle n’a
rien de divin. Nous l’accomplissons silencieusement, inconsciemment chaque
matin en nous levant, en vivant quand même, comme des mauvaises herbes, dans
les cadres inhumains de nos lieux de travail, des conditions invivables qui,
pour certains d’entre nous nous sont faites. Finalement le burning out, c’est
lorsque nous craquons, c’est lorsque nous sommes comme Laurie mais sans le
Docteur Manhattan pour nous faire voir la situation de très, très loin. Et
c’est à cela que servent les « VRAIS » superhéros comme Manhattan ou
le Batman de Nolan : « réaliser que voir les choses de très loin,
c’est toujours les voir telles qu’elles sont » (comme sur ce point
l’échelle du macrocosmique ne fait qu’une avec celle du microscopique, ce
« de très loin » est aussi un « de très prés » : dans
nos cellules s’animent un « vouloir-être » qui est le même que celui
des étoiles).